Sénégal – Mauritanie (4-0) : Une mi-temps d’illusion, une leçon de fond


Le Sénégal a logiquement dominé la Mauritanie (4-0) lors de la rencontre disputée au stade de Ndiamandou, pour le compte des éliminatoires de la Coupe du monde 2026. Si le score paraît sans appel, le contenu du match révèle une réalité plus profonde : la Mauritanie paie le prix d’un système footballistique fragile, construit sur des bases instables et un effectif en manque de compétitivité.

Une première mi-temps prometteuse… avant la déferlante

Les Mourabitounes, dirigés par l’Espagnol Ortiz, ont pourtant bien entamé la partie. Disposés en 4-4-2 compact, ils ont su contenir les assauts sénégalais pendant une grande partie de la première période. L’organisation défensive, rigoureuse, a permis de fermer les espaces à Sadio Mané et Iliman Ndiaye.

Mais juste avant la pause, tout a basculé. Sur un coup franc somptueux de Sadio Mané, le Sénégal a ouvert le score, brisant l’équilibre fragile que la Mauritanie s’efforçait de maintenir.

En deuxième période, les Mourabitounes se sont littéralement effondrés physiquement, incapables de résister aux vagues successives des Lions.
Le Sénégal, porté par un collectif huilé et un banc de qualité, a déroulé son football et inscrit trois nouveaux buts, confirmant sa supériorité.

Et comme le veut l’adage, « les deuxièmes mi-temps sont celles des entraîneurs » : Malick Tiaw a su ajuster son dispositif, tandis qu’Ortiz a semblé à court de solutions.

Des failles structurelles criantes

Cette défaite ne se résume pas à un simple problème de niveau technique. Elle met en lumière les failles structurelles profondes du football mauritanien :

un effectif où plusieurs joueurs évoluent sans club, ou dans des championnats mineurs, sans rythme ni exigence de haut niveau ;

une dépendance excessive à des soi-disant professionnels en fin de cycle, qui ne peuvent plus soutenir le rythme international ; et surtout, une absence quasi totale de relève locale compétitive.

Il est difficile de bâtir une équipe nationale solide sur des bases aussi fragiles. Le haut niveau se nourrit de compétition, d’intensité et de constance — trois éléments actuellement absents pour nombre d’internationaux mauritaniens.

Académies et clubs : les vrais piliers du renouveau

Pour espérer progresser, la Mauritanie doit changer de cap.
La priorité doit être donnée à la mise en place et au développement d’académies de football locales. À ce jour, elles se comptent sur les doigts d’une main — alors qu’elles devraient constituer la pierre angulaire du futur football mauritanien.

Ces centres de formation doivent permettre d’identifier, d’encadrer et de développer les jeunes talents du pays, dans un environnement structuré, encadré par des techniciens qualifiés.
C’est de là que naîtront les futurs cadres de la sélection, et non pas des expatriés sans club ni compétition.

Parallèlement, il faut renforcer les clubs locaux : améliorer les infrastructures, élever le niveau du championnat, encourager la professionnalisation du staff et des joueurs.
Un championnat performant crée la concurrence interne, stimule la progression des jeunes et alimente durablement la sélection nationale.

Une nécessaire refondation

La Mauritanie n’a pas manqué d’envie à Ndiamandou, mais elle a manqué de souffle, de profondeur et de vision.
Tant que les bases structurelles ne seront pas posées — formation, compétitivité locale, stratégie à long terme — les Mourabitounes resteront vulnérables face à des nations mieux organisées comme le Sénégal.

Le football mauritanien dispose d’un vivier prometteur et d’un public passionné. Il ne lui manque qu’une chose : une volonté ferme de construire sur le long terme, en privilégiant la jeunesse, le travail local et la cohérence sportive.

Mohamed Ould Feily ''Antar'